L’espèce

Morphologie

Taille et poids : 55 à 62 cm de long et 1,45 m à 1,75 m d’envergure pour un poids de 1,4 kg à 2.0 kg. La femelle est plus corpulente que le mâle.

Plumage : dos brun sombre contrastant nettement avec le ventre blanc. Cette particularité lui sert de camouflage : on le voit peu sur le nid et les poissons le distinguent mal dans le ciel. La tête est blanche avec un bandeau noir sur l’œil.

Quelques subtiles différences dans la coloration du plumage permettent de distinguer le mâle de la femelle. Par exemple, la femelle a en général un plastron plus large et plus marqué ainsi que le dessous de l’aile beaucoup plus tacheté de brun.

Le plumage du jeune a un aspect écailleux dû au fin liseré blanchâtre qui borde les plumes sombres du dessus du corps. Le jeune acquiert son plumage adulte à l’âge de 18 mois.

Longévité dans la nature : 20 – 25 ans. C’est grâce au baguage des jeunes au nid qu’il est possible d’évaluer cette longévité.

Ses adaptations à la pêche sont impressionnantes : excellente vue, vol puissant, plumage dense, pattes robustes, serres longues et très recourbées. La face intérieure des doigts est hérissée de papilles saillantes, indispensables pour maintenir les poissons.

Habitat

Le balbuzard fréquente les lacs, les étangs, les cours d’eau ou les côtes marines. En France continentale, il niche principalement dans les zones forestières, tandis qu’en Corse, il s’installe sur les falaises côtières. La présence de zones de pêche dans un rayon maximum de 20 km est déterminante.

En forêt d’Orléans et en Sologne, les vieux pins sont privilégiés car, à maturité, ils présentent généralement une cime dite « tabulaire » (c’est-à-dire que les branches s’étalent à l’horizontale) particulièrement adaptée au support du nid, qui peut atteindre une centaine de kilos. Mais d’autres arbres peuvent aussi être choisis (peupliers, chênes) notamment lorsqu’ils sont morts ou isolés. Depuis 2006, le balbuzard s’installe également sur les pylônes à haute tension (qui constituent pour eux des supports intéressants du fait de leur taille). En 2018 on dénombre ainsi une dizaine de nids sur des pylônes. Tous ces nids ont été sécurisés par le Réseau de transport d’électricité (Rte) : après avoir obtenu l’accord des services de l’Etat, les agents de Rte profitent de l’absence des oiseaux en hiver pour installer des nacelles métalliques à un endroit du pylône où la chute d’une branche ne risque pas de déclencher un arc électrique, puis y déplacent le nid.

L’aire d’un balbuzard est un imposant tas de branches mortes, accumulées au fil des ans. Certains nids très anciens mesurent plus d’1,5 m de haut ! Ils sont toujours construits sur une situation dominante, procurant un champ visuel de 360°. Les couples sont très attachés à leur nid et viennent fidèlement s’y reproduire pendant toute leur vie. Certains oiseaux se sont ainsi reproduits sur le même nid pendant vingt ans. Et les jeunes reviennent toujours nicher près de l’endroit où ils sont nés : on dit du Balbuzard pêcheur que c’est une espèce « philopatrique ».

Alimentation

Le Balbuzard pêcheur est le seul rapace diurne d’Europe exclusivement piscivore, c’est-à-dire qui ne se nourrit que de poissons. En région Centre Val de Loire, il consomme quasiment toutes les espèces présentes, surtout des poissons « blancs » (carpe, chevesne, brème, hotu, gardon…). Son mode de pêche à vue et son incapacité à nager sous l’eau orientent ses choix vers les poissons vivant près de la surface. Il repère ses proies en vol ; après un court vol stationnaire, il les capture au terme d’un plongeon impressionnant.

Une étude du choix des proies menée dans le Loiret indique qu’au moins une vingtaine d’espèces de poissons sont représentées dans le régime et que la carpe commune, les deux brèmes et le hotu sont les plus fréquentes. La majorité des poissons capturés mesurent entre 15 et 35 cm et c’est la classe de taille 25-30 cm qui est la plus fréquente. La ration quotidienne moyenne avoisine les 400 g de poisson frais…

En France continentale, les balbuzards nicheurs sont surtout répartis le long de la Loire et il est clair que les couples reproducteurs pêchent principalement dans le fleuve. Toutefois, lorsque les conditions météorologiques sont défavorables (crues, pluie battante, eaux turbides…), ce qui est souvent le cas à la fin de l’hiver, au moment des retours de migration, les rapaces choisissent des milieux plus abrités, comme les étangs forestiers ou les canaux.

Reproduction et migration

Le balbuzard pêcheur se reproduit dans les régions froides ou tempérées de l’hémisphère Nord et passe l’hiver dans les régions chaudes (Afrique subsaharienne, Amérique centrale et du Sud notamment…). Grands migrateurs, les oiseaux de France continentale vont hiverner sur les côtes du Sénégal ou de la Guinée. Certains peuvent toutefois s’arrêter dans le bassin méditerranéen. Les cas d’hivernage en France augmentent et, chaque année, des balbuzards sont signalés sur les côtes atlantiques ou méditerranéennes en décembre et janvier.

Les balbuzards rentrent de leurs quartiers d’hiver dès la fin du mois de février et jusque début avril. Dès leur retour, les oiseaux restaurent leur nid. Les femelles commencent à pondre début avril, parfois dès la fin mars. La couvée compte 2 à 3 œufs. Certaines pontes n’en comptent qu’un ou, exceptionnellement, 4. L’incubation dure 35 à 40 jours. La femelle assure l’essentiel de la couvaison, le mâle la relayant quand elle se nourrit des poissons qu’il lui apporte ou entretient son plumage. Pendant les 10 à 30 premiers jours, la femelle quitte rarement le nid, réchauffant les poussins et les protégeant du soleil, des intempéries ou des prédateurs.

Les jeunes sont nourris au nid pendant 7 semaines et demi environ. Après l’envol, les jeunes oiseaux apprennent progressivement à pêcher mais continuent à être ravitaillés sur le nid pendant plus d’un mois presque exclusivement par le mâle.

Les jeunes sont complètement émancipés à la fin du mois d’août. C’est l’époque où les familles se dispersent, chaque oiseau partant alors seul en migration.

Statut international

Le Balbuzard pêcheur est un des rapaces les plus cosmopolites du monde : il est présent dans tous les continents sauf en Antarctique. Autrefois largement répandu en Europe, il a vu ses effectifs décliner fortement au cours du 19e siècle ; concurrent de l’homme, il était victime de véritables persécutions. Il est alors devenu très rare en France continentale, sa présence étant principalement signalée au printemps et en automne, lors des passages migratoires.

Revenu naturellement s’installer en forêt domaniale d’Orléans au début des années 1980, il occupe aujourd’hui (2019) 18 départements répartis sur 8 régions (Grand Est, Bourgogne Franche Comte, Ile de France, Centre Val de Loire, Pays de La Loire, Auvergne Rhône Alpes, Nouvelle Aquitaine, Corse).

L’espèce est strictement protégée par la loi française. De plus, elle est inscrite à l’Annexe I de la Directive Oiseaux (espèces pour lesquelles des « zones de protection spéciale » doivent être mises en place par les Etats afin de préserver leur habitat), à l’Annexe II de la Convention de Berne (espèces de faune strictement protégées), à l’Annexe II de la Convention de Bonn (espèce migratrice se trouvant dans un état de conservation défavorable et nécessitant l’adoption de mesures de conservation et de gestion appropriées), à l’Annexe II de la Convention de Washington (espèces vulnérables dont le commerce est strictement réglementé) et à l’Annexe C1 du Règlement communautaire CITES (espèces menacées d’extinction dont le commerce à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne est interdit, sauf dans des conditions exceptionnelles).

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